lundi 26 novembre 2007

Le Petit Prince

Une contine pas seulement pour enfant.


Dans Le Petit Prince de Saint Exupéry, un aviateur que l'on suppose être l'auteur du livre est en panne en plein désert saharien. Sorti de nulle part, un petit bonhomme aux cheveux blonds lui demande de lui dessiner un mouton...
Sous des apparences de contine pour enfant, cette histoire s'adresse finalement autant à l'adulte. Comme j'aime à le dire (autocitation) "Personne n'est plus immature que celui qui a enterré ses rêves d'enfant. Les assumer et les réaliser, telle est la véritable maturité."
Derrière cette touchante naïveté se cache un réel trésor de sagesse, que je me propose de partager avec vous. Quelques instants de pureté, à redécouvrir.

Ceux qui ne connaissent pas cette oeuvre universelle peuvent la lire sur le net (l'oeuvre fait partie du domaine public) à ces adresses là : lien lien.


Le voyage commence...



A propos des fleurs :

« Les épines, ça ne sert à rien, c’est de la pure méchanceté de la part des fleurs !
— Oh ! »
Mais après un silence il me lança, avec une sorte de rancune :
« Je ne te crois pas ! Les fleurs sont faibles. Elles sont naïves. Elles se rassurent comme elles peuvent. Elles se croient terribles avec leurs épines… »



Avec le businessman :
« — Et à quoi cela te sert-il de posséder les étoiles ?
— Ça me sert à être riche.
— Et à quoi cela te sert-il d’être riche ?
— À acheter d’autres étoiles, si quelqu’un en trouve. »
« Celui-là, se dit en lui-même le petit prince, il raisonne un peu comme mon ivrogne. »
[...]
« — Et qu’en fais-tu ?
— Je les gère. Je les compte et je les recompte, dit le businessman. C’est difficile. Mais je suis un homme sérieux ! »
[...]
« Moi, si je possède un foulard, je puis le mettre autour de mon cou et l’emporter. Moi, si je possède une fleur, je puis cueillir ma fleur et l’emporter. Mais tu ne peux pas cueillir les étoiles !
— Non, mais je puis les placer en banque.
— Qu’est-ce que ça veut dire ?
— Ça veut dire que j’écris sur un petit papier le nombre de mes étoiles. Et puis j’enferme à clef ce papier-là dans un tiroir. »
[...]
« Moi, dit-il encore [le petit prince], je possède une fleur que j’arrose tous les jours. Je possède trois volcans que je ramone toutes les semaines. Car je ramone aussi celui qui est éteint. On ne sait jamais. C’est utile à mes volcans, et c’est utile à ma fleur, que je les possède. Mais tu n’es pas utile aux étoiles… »



Avec le serpent :
« Où sont les hommes ? reprit enfin le petit prince. On est un peu seul dans le désert...
— On est seul aussi chez les hommes », dit le serpent.
[...]
La fleur, un jour, avait vu passer une caravane :
« Les hommes ? Il en existe, je crois, six ou sept. Je les ai aperçus il y a des années. Mais on ne sait jamais où les trouver. Le vent les promène. Ils manquent de racines, ça les gêne beaucoup. »



Avec le renard :
« Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’a pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde… »
[...]
« Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m’ennuie donc un peu. Mais si tu m’apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m’appelera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde ! Tu vois, là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c’est triste ! Mais tu as des cheveux couleur d’or. Alors ce sera merveilleux quand tu m’auras apprivoisé ! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j’aimerai le bruit du vent dans le blé… »
[...]
Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince :
« S’il te plaît… apprivoise-moi ! dit-il.
— Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n’ai pas beaucoup de temps. J’ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître.
— On ne connaît que les choses que l’on apprivoise, dit le renard. Les hommes n’ont plus le temps de rien connaître. Il achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n’existe point de marchands d’amis, les hommes n’ont plus d’amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi !
— Que faut-il faire ? dit le petit prince.
— Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t’assoiras d’abord un peu loin de moi, comme ça, dans l’herbe. Je te regarderai du coin de l’œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t’asseoir un peu plus près… »
[...]
[retournant voir le jardin aux cinq mille roses...]
« Vous êtes belles mais vous êtes vides, leur dit-il encore [le petit prince]. On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu’elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c’est elle que j’ai arrosée. Puisque c’est elle que j’ai mise sous globe, Puisque c’est elle que j’ai abritée par le paravent. Puisque c’est elle dont j’ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons). Puisque c’est elle que j’ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire. Puisque c’est ma rose. »
[...]
[le secret du renard]
« On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. (...) C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. »



Le marchand de pillule :
C’était un marchand de pilules perfectionnées qui apaisent la soif. On en avale une par semaine et l’on n’éprouve plus le besoin de boire.
« Pourquoi vends-tu ça ? dit le petit prince.
— C’est une grosse économie de temps, dit le marchand. Les experts ont fait des calculs. On épargne cinquante-trois minutes par semaine.
— Et que fait-on des cinquante-trois minutes ?
— On en fait ce que l’on veut... »
« Moi, se dit le petit prince, si j’avais cinquante-trois minutes à dépenser, je marcherais tout doucement vers une fontaine... »



« Les étoiles sont belles, à cause d’une fleur que l’on ne voit pas... (...) Ce qui embellit le désert, dit le petit prince, c’est qu’il cache un puits quelque part... »



Comme ses lèvres entr’ouvertes ébauchaient un demi-sourire je me dis encore : « Ce qui m’émeut si fort de ce petit prince endormi, c’est sa fidélité pour une fleur, c’est l’image d’une rose qui rayonne en lui comme la flamme d’une lampe, même quand il dort... » Et je le devinai plus fragile encore. Il faut bien protéger les lampes : un coup de vent peut les éteindre...



« J’ai soif de cette eau-là, dit le petit prince, donne-moi à boire... »
[...]
Je soulevai le seau jusqu’à ses lèvres. Il but, les yeux fermés. C’était doux comme une fête. Cette eau était bien autre chose qu’un aliment. Elle était née de la marche sous les étoiles, du chant de la poulie, de l’effort de mes bras. Elle était bonne pour le cœur, comme un cadeau.



« Les hommes de chez toi, dit le petit prince, cultivent cinq mille roses dans un même jardin... et ils n’y trouvent pas ce qu’ils cherchent.
— Ils ne le trouvent pas, répondis-je...
— Et cependant ce qu’ils cherchent pourrait être trouvé dans une seule rose ou un peu d’eau...
— Bien sûr », répondis-je.
Et le petit prince ajouta :
« Mais les yeux sont aveugles. Il faut chercher avec le cœur. »



« Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j’habiterai dans l’une d’elles, puisque je rirai dans l’une d’elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire ! »



Alors ? N'est-ce pas universel et sans age ?

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