samedi 11 juillet 2009

Tao Te King

Aphorismes X à XII

Trois aphorismes de plus traduits par mes soins...
Je sais, c'est peu, mais il y en a un qui m'a vraiment donné du fil à retordre...


X

Êtes-vous capable d'embrasser votre instinct et votre âme et d'en maintenir constamment l'unité ?
Êtes-vous capable de concentrer votre Chi et de redevenir doux comme un nouveau-né ?
Êtes-vous capable de dissiper les mystères et de garder la vue claire ?
Êtes-vous capable d'aimer le peuple et de régner sur le pays sans agir ?
Êtes-vous capable quand les portes du Ciel s'ouvrent puis se ferment, d'être comme une femelle ?
Êtes-vous capable de faire pénétrer votre esprit en des lieux que vous ne connaissez pas ?

Il leur donne la vie et les nourrit
Il leur donne la vie, mais ne se les approprie pas
Il les sert, mais n'attend rien en retour
Il règne, mais sans exercer son autorité
Telle est sa mystérieuse Vertu


XI

Trente rayons se rejoignent autour du moyeu d'une roue
C'est son vide qui rend la roue utile au chariot
L'argile est pétri pour faire un vase
C'est son vide qui rend le vase utile
Les portes et les fenêtres sont percés pour faire une chambre
C'est son vide qui rend la chambre utile
C'est pourquoi si on peut tirer avantage de ce qui est
C'est par son non-être que l'on peut en faire usage


XII

Les cinq couleurs aveuglent les yeux de l'homme
Les cinq notes assourdissent les oreilles de l'homme
Les cinq saveurs éventent le goût de l'homme
La course et la chasse emballent le coeur de l'homme
Les biens difficiles à acquérir entravent les mouvements de l'homme
Constatant cela le sage se préoccupe de son estomac, non de ses yeux
C'est pourquoi il renonce à l'un et adopte l'autre


Remarque à propos de la Vertu

Le mot Vertu est généralement utilisé pour traduire le mot chinois Te ou De. C'est le mot qui est présent dans le titre de l'ouvrage : Tao Te King. Mais ce mot reste vague traduit et nécessite quelques éclaircissements.

Le Te est la qualité d'un être (ou du Tao lui-même) faisant référence à la simplicité, l'innocence et la pureté extatique, qui le moment venu révèle sa grandeur latente, son potentiel caché, caractérisé par une action efficace. Loin de s'enorgueillir de ce succès, une fois l'action accomplie, cet Être retourne à sa discrétion et son humilité coutumière. Le Te est la capacité à faire simplement ce qui devait être fait. Parfois certaines personnes d'un naturel fragile et faible, de part leur profond sens de la Vertu, parviennent à se surpasser, là où ceux qui passent pour fort restent pétrifiés. Cette force intérieure qui se met en action au moment venu n'est possible que pour une Âme Noble. L'espace d'un instant, à travers la transformation opérée par le Te, l'Être est en parfaite harmonie avec le Tao, si bien que même s'il ne dispose que de modestes moyens, il les mettra en oeuvre avec leur plein potentiel, délivré de toute peur, de toute retenue et de toute hésitation.

De façon plus générale le Te est à la fois la Vertu, et sa mise en oeuvre, qu'elle soit visible ou invisible, que cela soit par un acte concret ou par l'influence passive qu'elle a sur le monde.


Remarque à propos du Chi

Le Chi (prononcez tchi) est un des termes que je me refuse à traduire, car il n'existe aucun mot équivalent dans notre langue, et aucune façon de le remplacer de façon concise et exacte. Autant importer ce terme tel qu'il est dans notre langue, comme de nombreux autres mots étrangés, à peine francisés, sont venus enrichir notre vocabulaire au fil des siècles.

Le Chi correspond à l'énergie au sens ésotérique, au souffle vital. C'est un fluide invisible, immatériel et subtil qui circule non-seulement dans tout être vivant (en médecine chinoise, il circule principalement dans les méridiens), mais aussi dans la nature, ou dans l'air.

lundi 6 juillet 2009

Mélancolie


Tristesse langoureuse, intérieure beauté caressant des idéaux manquées, sentiment mélodieux et vacillante mélopée... Ô... mélancolie ! D'une oisive vertu, tu combles les interstices de nos instants perdus...

Espérance sans objet et promesse esseulée, tes deux ailes n'ont jamais su voler... Ô mélancolie, elles ont le don, de nous ceindre dans nos tendres abandons...

Brise frémissante sur mon cou en émoi, deux petits pieds froids blottis contre moi... Ô mélancolie, ce soir je te ressens, je te goûte ; je te vois : visage pâle, vibrante... ma compagne aimante...