mercredi 14 avril 2010

Tao Te King

Aphorisme XIII à XV...


XIII

Les faveurs doivent être autant craintes que la disgrâce,
Gouverner l'empire peut causer autant de douleurs qu'un corps

Pourquoi les faveurs devraient-elle être crainte autant que la disgrâce ?
Les faveurs nous affaiblissent, car une fois obtenue, on craint de les perdre,
Une fois perdue on craint de ne plus les avoir à nouveau
Voilà pourquoi on dit que les faveurs sont autant à craindre que la disgrâce

Pourquoi gouverner l'empire peut causer autant de douleurs qu'un corps ?
C'est parce que j'ai un corps
Que je peux éprouver de grandes souffrances
Si je n'avais plus de corps
Comment pourrais-je souffrir ?

C'est pourquoi celui qui considère l'empire comme son propre corps
On peut lui remettre l'empire
Celui qui aime ses sujets comme on aime son propre corps
On peut lui confier l'empire


XIV

On le regarde mais on ne le voit pas, il est transparent
On l'écoute mais on ne l'entend pas, il est insonore

On le touche mais on ne le sent pas, il est subtil


Ces trois qualités ne peuvent être éludées par la parole

C'est pourquoi elles se mêlent et ne font qu'un


Son dessus n'est pas éclairé, son dessous n'est pas dans l'ombre

Il est une infinité de choses qui ne peuvent être nommées
Et dont l'écho n'a aucune substance

Ce sont les formes sans formes

Immatériel on dit que son apparence ne peut être distinguée

Allez à sa rencontre et vous ne verrez pas son visage

Suivez-le et vous ne verrez pas son dos


C'est en connaissant le Tao des temps anciens que l'on peut gouverner ce qui est aujourd'hui

Connaître le commencement des anciens temps, c'est connaître l'écoulement du Tao



XV

Les grands érudits des temps anciens
Étaient subtiles, mystérieux
et pénétrants
Si profonds qu'on ne pouvait les comprendre


Ces ermites ne pouvant être compris
Il est seulement possible de raconter comment ils transparaissent aux yeux du monde :


Prudents, comme celui qui traverse une rivière en hiver

Vigilants, comme celui qui craint un danger des quatre côté
s
Polis, comme l'invité chez son hôte

Effacés, comme la glace qui fond
Simple comme le bois non travaillé
Vide comme une vallée
Trouble comme de l'eau boueuse
Calme comme l'océan
Léger comme une brise

Celui qui est capable de rester trouble, peut calmement redevenir limpide
Celui qui est capable de rester au repos, peut lentement reprendre vie
Celui qui possède ce Tao ne désire pas se remplir
Les ermites ne sont pas pleins
C'est pourquoi ils cachent sous des dehors rudes la fraîcheur-même d'un nouveau né